Avant, bien peu de monde aurait permis à une entreprise de venir écouter directement chez soi ce qu'il s'y passe. Mais ça, c'était avant. Avec les objets connectés, le champ des possibles s'est ouvert. Tant que la majorité préfère ne pas s'en soucier, il y a fort à parier que la tendance se confirme.

Un groupe de chercheurs a découvert que les jouets connectés, capables de tenir une conversation naturelle avec un enfant, peuvent être utilisés à mauvais escient pour dérober des données au sujet des utilisateurs. (décembre 2016, lebigdata.fr)

Les tendances

Intéressons nous d'abord aux tendances : les objets connectés se multiplient et leurs capacités sont toujours plus étonnantes.

La multiplication des sources

Qu'y a-t-il d'étonnant à trouver des jouets qui mettent enfants et familles sur écoute ? Après tout, ils ne sont pas les seuls et ce ne sont pas les premiers : smartphones, montres, consoles, etc.

Point important, la première tendance est la multiplication en nombre des possibilités d'intrusion.

L'intrusion n'est pas nécessairement un exploit. Elle peut aussi être plus ou moins connue et acceptée. L'intrusion est constituée dès lors que la vie personnelle est exposée à des tiers, publiquement ou non.

Des capacités toujours plus étonnantes

Que font donc ces jouets ? Ils répondent à la voix. Il est dès lors aisé de justifier (d'accepter ?) l'envoi de données privées et personnelles chez des tiers pour la reconnaissance vocale.

Ici aussi la tendance est la multiplication des possibilités d'intrusion, mais en terme qualitatif cette fois. La nature des données récoltées évolue avec les technologies.

Des temps d'exposition toujours croissant

Si les temps d'exposition vont croissants, c'est en partie parce que les objets se multiplient dans nos vies.

Mais pas seulement. La durée d'autonomie des objets augmente elle aussi. Les capacités de récolte (bande passante, stockage, etc) augmentent.

La tendance est à la diminution de la vie privée. On doit attendre des objets connectés qu'ils bouleversent le status quo et provoquer l'inversion des durées entre vie privée et vie exposée.

Un cocktail explosif

Jusque-là, la principale question était de gérer sa vie privée en gérant sa vie publique. Il convient aujourd'hui d'ajouter une nouvelle forme de vie, un peu intermédiaire entre les précédentes mais pas sans conséquences : la vie exposée.

Car les qualificatifs sont toujours manquants dans la presse : quand il y est question d'intrusion, il est systématiquement le fait de pirates. Quand il y a détournement, c'est nécessairement par des malfrats. Rien ou très peu concernant les entreprises elles-mêmes.

Posons-nous quelques questions :

  • Qui récolte les données ? Dans quel pays et avec quelle législation ? Le savons-nous vraiment ? Les fabriquants communiquent-ils autour de ces questions ? Y a-t-il des sous-traitants ? Qui sont-ils ?
  • Il y a quelques années, aurions-nous accepté que les fabriquants installent des micros dans les maisons pour y écouter ce qu'il s'y passe ?

En multitpliant le nombre des objets connectés et en les cumulant sous différentes formes, parfois avec consentement, la vie dite « privée » n'en n'est plus vraiment une.

Nous exposons toujours plus de notre vie privée à des tiers, le plus souvent sans savoir réellement à qui. Ni ce qu'ils en font.

À retenir

  • Les objets connectés vont faire bouger les lignes à grande échelle et dans une mesure insoupçonnée.
  • La vie privée va continuellement s'effacer au profit d'une forme de vie exposée.

Il est bon de garder à l'esprit que le niveau d'exposition de nos vies n'a jamais été aussi grand et que la tendance n'est pas prête de s'inverser.